[ANIMAUX] Des chats et des chiens pour assister les victimes : plus qu’une tendance

Le procureur F. Almendros explique à BV le rôle joué par les chiens auprès des victimes dans le parcours judiciaire.
Lol, le premier chien d'assistance judiciaire en France, auprès du tribunal de Cahors. D.R.
Lol, le premier chien d'assistance judiciaire en France, auprès du tribunal de Cahors. D.R.

Cheops, un chaton né dans une famille de policiers, vient d’être adopté par le commissariat de La Rochelle. Son but : « Apporter un peu d'apaisement tant aux victimes qu'aux enquêteurs. » La tendance se confirme : les victimes peuvent de plus en plus en compter sur les chats et les chiens pour... les soutenir.

Cheops officie au sein du groupe de protection de la famille (GPF), qui enquête sur les violences intrafamiliales et les violences sur mineurs et se trouve confronté à des dossiers « souvent très douloureux et délicats », explique son équipe. Plusieurs commissariats se sont dotés d’un chat. À Agen, il y a Taz, qui s’est présenté de lui-même à la porte du commissariat. Même histoire au commissariat d’Albi, où Dix-Sept, chatte recueillie, vit désormais.

Cheops, le chat du commissariat de La Rochelle qui va aider les enfants maltraités ou agressés.

Les chiens d’assistance judiciaire

Côté chiens, on n’est pas en reste. On doit à Frédéric Almendros, procureur de Cahors de 2017 à 2021, d’avoir été un pionnier en ce domaine. Joint par BV à Cayenne, où il est actuellement procureur adjoint, Frédéric Almendros nous explique que c’est suite à une visite au centre de formation d’instruction cynophile de la gendarmerie (à Gramat, Lot) que l’idée a germé. Voyant « le travail absolument prodigieux » des gendarmes avec leurs chiens, il imagine un stage alternatif aux poursuites pour mineurs délinquants. Puis, avec le colonel Dalier qui dirige le centre cynophile, ils se disent : « Comment employer cette expertise pour les justiciables ? » Après tout, « un chien, c’est un chien, une victime, c’est une victime, nous explique Frédéric Almendros. Si cela fonctionne aux États-Unis, cela doit fonctionner en France. » Car là-bas, Ellen O’Neill-Stephens a fondé la Courthouse Dogs Foundation, qui met à disposition de la justice 300 chiens d’assistance.

Un labrador noir, Lol, arrive à Cahors au printemps 2019. Frédéric Almendros se souvient très bien de sa première mission. « À Figeac, une petite fille qui n’avait pas voulu descendre de voiture, la première fois qu’elle était venue pour témoigner contre son père, est revenue et a été accueillie par Lol. Ils sont montés ensemble dans la salle Mélanie [salle aménagée pour les dépositions d’enfants]. J’étais derrière une vitre sans tain, la fillette a fait une longue déposition sans lâcher le chien une seule minute. C’était extrêmement émouvant », témoigne-t-il pour BV. Puis Lol aidera un couple âgé à faire sa déposition après un vol à domicile extrêmement violent.

L'indéniable bonté des labradors et goldens

Lol fait du bon boulot et convainc les réticents qui pensaient que c’était « une blague ». En février 2023 est signée une convention entre le ministère de la Justice et les associations Handi’Chiens, SPA et France Victimes. Les qualités requises pour être CAJ (chien d’assistance judiciaire) ? Calme, apathique, proche des enfants, pas de crainte des uniformes, à l’aise en toutes circonstances et doux dans ses contacts. Sans surprise, les labradors et les golden retrievers l’emportent. À l’issue de leur formation, les chiens doivent avoir assimilé une cinquantaine de commandes.

Désormais, il y a un chien d'assistance à Orléans, Rancho à Nîmes, Tandem à Grenoble, etc. Fin 2024, le barreau de Paris s’est prononcé en faveur de l’expérimentation en région parisienne. À terme, Frédéric Almendros voudrait un chien pour les mis en cause. « Quand on aura un chien sur le banc des bénéficiaires plaignants et un autre dans le box des accusé, les audiences se passeront de manière beaucoup plus paisible. »

La victimologie, enfin

Les chiens et les chats sont une présence rassurante et ce n’est pas une découverte. Le lien entre le petit Rémi et son chien Capi (Sans famille) est une histoire vieille comme le monde. Comment n’avait-on pas pensé plus tôt à inclure des animaux dans le monde difficile de la Justice ? Contrairement à la criminologie, la « victimologie » est une science toute récente. Un de ses pères, le Roumain Benjamin Mendelsohn, s’interrogeait : « Pourquoi cette société, si humaine lorsqu’il s’agit de celui qui enfreint la loi, se désintéresse-t-elle de la victime […] ? » Les chiens et les chats viennent jouer un rôle qui n'appartient qu'à eux dans l'assistance des victimes, chacun à leur façon. Dans quelques jours, le golden retriever Tandem arrivera à Cayenne, où Frédéric Almendros l'attend pour le procès en correctionnelle d’un père face à ses enfants. Le tribunal espère avoir un chien d’assistance à demeure en Guyane, en 2026. Et Frédéric Almendros souhaite que la présence du chien d’assistance judiciaire soit inclus dans le Code de procédure pénale. Aux députés de jouer !

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Magnifique idée…
    Nous avons beaucoup à apprendre des animaux.
    Pour eux la solidarité n’est pas un mot ,mais un véritable geste..une réalité.
    Aidons toutes ces Associations qui forment des chiens guides…
    Un compagnon fidèle…aimant…attentionné..qui ne demande que de l’amour en retour
    Une amie, bénévole à la SPA…me dit  » les animaux…ce n’est que de l’amour. »..Elle a raison.

  2. Je suis outré par toute ces personnes qui sont contre ou n’aime pas tout simplement les animaux. J’ai actuellement 3 chats et deux chien et depuis ma tendre jeunesse je vie avec des animaux, a oui j’ai même des poules. Ok vous n’aimez pas les animaux mais l’amour inconditionnel qu’ils vous donnent est de 1000 fois supérieur que l’amour ou l’amitié que vous pourriez avoir dans votre vie avec des humains et vous ne la connaitrez pas, et c’est dommage. Ne me dite surtout pas que je préfère les animaux aux humains, je ne donne plus au resto du cœur( trop de magouilles et j’ai la preuve) ou autre mais je fais des colis pour certaines personnes que je connais et qui sont dans le besoin. De plus je n’ai de leçons a recevoir de personnes. C’est mon coup de gueule aujourd’hui.

  3. Pour les personnes qui disent « n’importe quoi », je vous le demande ; connectez-vous sur le site HANDI’CHIENS et il est absolument impossible que vous soyez pas convaincu. J’ai assisté à plusieurs remises de chiens, notamment à des enfants lourdement handicapés, c’est poignant. Et le travail merveilleux des familles bénévoles qui s’occupent de ces chiens pendant de longs mois, etc.
    Bravo Frédéric Almendros pour cette orientation supplémentaire de l’action de ces merveilleux chiens.

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