En deux chiffres, Borloo éclaire la calamiteuse gestion de nos hôpitaux français

C’est un pavé dans la mare qu’a balancé l’ancien ministre Jean-Louis Borloo, lors d’une audition au Sénat par la commission d’enquête sur les agences de l’État. Afin de prendre un exemple criant de la gabegie administrative et financière de la structure technocratique publique, il a assené ce chiffre terrible : « Lorsque l’hôpital public était dirigé par des médecins, on était à 5 % de frais de structure. On a décidé de confier la gestion à des administratifs : on est à 34 %. » Tout de même… Comme on dit, ça cause.
“Lorsque l’hôpital public était dirigé par des médecins on était à 5% de frais de structure. On a décidé de confier la gestion à des administratifs on est à 34%”, Borloo se lâche sur le besoin de simplification.. A écouter ! via @barriere_dr pic.twitter.com/ovSp75snJr
— François Momboisse (@fmomboisse) June 17, 2025
L’année 2025 marque une nouvelle étape dans la descente aux enfers de l’hôpital public. En 2023, déjà, un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) - encore une agence d’État, celle-ci consacrée aux statistiques du ministère de la Santé - montrait que les hôpitaux publics étaient en déficit de 2,4 milliards d’euros, contre 1,3 milliard en 2022, que les dépenses étaient en hausse de 6,6 % en moyenne, avec un pic à +34,5 % pour le poste « hôtellerie et général » et qu’en conclusion, « les ressources générées par l’activité ne [suffisaient] plus à couvrir les charges ». En janvier 2025, l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (APHP) alertait sur des prévisions catastrophiques pour la clôture de l’exercice 2024, en faisant remonter à 2021 un manque structurel de ressources humaines (-2.000 infirmiers pour les hôpitaux et établissement dépendant de l’AP-HP) qui s’ajoutait à un déficit impossible à résorber. Bref, on n’est pas sortis des ronces.
Le tonneau des Danaïdes
Dans son rapport, la DREES identifiait assez justement la cause première de ces manques à gagner spectaculaires : « Cette très nette détérioration s’explique notamment par la sortie progressive des dispositifs exceptionnels de soutien pour faire face à la crise sanitaire, dans un contexte inflationniste. » Traduisons cela en français : l’hôpital public est en déficit grave parce que l’État a cessé de perfuser le système avec l’argent magique que le contribuable devra rembourser.
Pour ajouter un dernier clou sur le cercueil, un comité d’experts, dont fait partie le directeur général de l’INSEE, a lui aussi alerté, récemment, sur la gestion financière calamiteuse des établissements de santé publics. Selon eux, les revenus des hôpitaux « n’absorbent pas en totalité leurs charges, bien que leur activité ait retrouvé et même légèrement dépassé en 2024 son niveau de 2019, avant la crise sanitaire ».
Une tour de Babel sanitaire
Résumons : perfusés par la drogue dure de l’argent magique, les hôpitaux français qui appartiennent à l’État sont incapables de faire des bénéfices, même si leur niveau d’activité est en soi tout à fait correct. Et c’est là qu’on en revient à la sortie de Jean-Louis Borloo. L’ancien ministre a raison : remplacer des praticiens du système de santé par des petits hommes gris, ça ne pouvait rien donner de bon.
Où est-il, alors, ce modèle social que le monde entier est censé nous envier ? Des gens meurent aux urgences à force d’attendre, les hôpitaux sont délabrés, il n’y a pas assez de personnel soignant et personne, dans cette tour de Babel sanitaire, n’arrive à se parler pour trouver des solutions afin de faire des bénéfices. Nous autres, simples contribuables, ne sommes pas experts, mais proposons par exemple de supprimer l’aide médicale de l’État (AME) accordée aux étrangers et aux clandestins. En 2024, elle se montait à 1,2 milliard d’euros…

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60 commentaires
MAASTRICHT/SANTÉ
Le « primum movens » de la destruction de notre système de santé remonte à 1987!
Pour signer Maastricht en 1992 les « européens » cousins par Davos/ Bilderberg ont exigé que la France baisse ses dépenses sociales in fine pour copier les modèles américains ou la santé n’est pas gratuite, les retraites sont si élevées que les septuagénaires rempilent dans les supermarchés pour remplir les rayons et leurs maigres pensions de retraite dont les régimes ont souvent fait faillite leur permet de vivre dans une caravane dans des camps grillagés pour les protéger des agressions.
Pour ce qui est des soins en Amérique pas de « gratuité » ni chômage tout comme en Angleterre ( chômage payé 270 pounds/mois quelque soit le montant du salaire précédent ce qui explique les 3% de chômage ).
Donc pour rejoindre ces paradis des entreprises (30% de charges sociales) Mr Juppé ministre de la santé du premier ministre Chirac et en accord avec ce dernier ont décidé de:
Supprimer toutes les spécialités médicales obtenues à l’époque par les CES soit certificat d’études spécialisées ( cardiologues, rhumatologues, dermatologues…) et de diminuer par 3 le nombre d’étudiants en médecine admis en 2 eme année.
Diminution du budget des hôpitaux et cliniques par tarification administrative à la pathologie et non plus à la journée ( même prix payé que le patient reste 1 jour ou 10 jours)
Résultat 37 ans plus tard:
Disparition des médecins en ville spécialistes et généralistes( alors que l’obligation de médecin traitant de l’ineffable Bertrand, ancien ministre de la santé de Sarkozy est toujours en vigueur et impossible à tenir pour de plus en plus de patients)
Disparition des 5/6 des cliniques
Disparition d’un hôpital sur 2 … et ce n’est pas fini!
N’oublions pas les nuisances des ARS ( agence régionale de santé ) et HAS( haute autorité de santé) qui se font la guerre en plus de « seconder » un ministère de la santé pléthorique pour de mois en moins de médecins, de cliniques et d’hôpitaux !
Merci Maastricht sans parler de la disparition de l’industrie française …
Cette nième réforme acte donc la fin du corps médical, de sa compétence et souhaitons que les anciens médecins exercent le plus longtemps possible pour la bonne santé de nos compatriotes!
Concernant l’hôpital public, sans désavouer Mr Borloo, et après 40 ans de carrière hospitalière comme praticien, je pense que son analyse représente un raccourci un peu simpliste.
D’abord qu’entend-on comme frais de structure?
Serte, le côté administratif c’est considérablement amplifié à l’intérieur et à la périphérie de l’hôpital (et en ce point, il a raison); mais d’autres facteurs sont à prendre en compte: tarification à l’activité, coût des médicaments, renforcement des structures médicales . (les deux dernières pour une meilleure prise en charge des patients).
Boorlo a tout dit. Vous voulez couler une boîte ? Virez les ingénieurs et remplacez-les par des financiers. Avec les médecins, 5% de frais de structure dans les hopitaux avec les financiers 34%… Regardez où la France en est, dirigée depuis 8 ans par un « Mozart de la finance »… Comme disait Coluche, les technocrates, vous leur donnez le Sahara, dans 2 ans ils sont obligés d’achetr du sable…
Trop de personnel administratif et pas assez d’infirmières dans les hôpitaux. Le personnel soignant n’en peut plus!…Tout a commencé dans les années 65/67 avec l’arrivée dans les services des … »surveillantes » (infirmières) qui passaient leur temps à …contrôler…et donner des ordres…et ne connaissaient même pas bien les malades et l’évolution de leur santé. La visite quotidienne du chef de service se fit alors avec LA surveillante et non plus avec les infirmières qui s’occupaient des malades….J’arrête…